Mon petit-fils a eu 5 ans en octobre dernier. Au dodo, sa maman lui demande s’il avait aimé sa fête. “Oui. Mais…” Il trouvait qu’il n’avait pas reçu beaucoup de cadeaux. De toute évidence, pour lui l’argent ou un billet de spectacle insérés dans une carte ne constituent pas cadeau; comme il n’avait pas à les déballer, il avait l’impression d’en avoir eu moins tout court. J’imagine qu’il aurait bien préféré déballer un objet convoité!
N’est-ce pas aussi le cas pour les apprenants? L’apprenant adulte souhaite déballer une information recherchée. Est-ce donc dire qu’il apprend mieux lorsque l’apprentissage répond à un besoin? Un principe de l’andragogie : l’adulte oriente son apprentissage autour de la vie, sa vie; il est plus centré sur un problème que sur un contenu (Malcolm Knowles, 1990). On peut conclure que l’apprenant adulte cherche particulièrement une résolution à son problème, comme un morceau manquant à son casse-tête.
Comment lui permettre de déballer et d’avoir le sentiment d’avoir reçu ce dont il souhaitait?
Il n’est pas évident pour un formateur ou un professeur de couvrir toutes les attentes de tous les apprenants surtout lorsqu’ils sont nombreux ou lorsque le temps passé ensemble est très court. Vous direz, avec raison, qu’il n’est pas non plus possible de modifier à la dernière minute et dans le feu de l’action un contenu de formation bien préparé à l’avance! Voyons cela d’un autre œil. Plutôt que de recevoir l’information, si on permettait à l’adulte d’être l’acteur principal de sa formation et de trouver l’information recherchée?
Examinons 2 aspects : 1. Besoin et 2. Déballer….
1. Besoin de l’apprenant
L’apprenant adulte se présente avec son lot d’expériences et de connaissances et suit une formation pour répondre à un besoin. Un exemple : un superviseur qui sait bien gérer le rendement mais cherche des outils pour accompagner son équipe en temps de changements. Ou encore une personne qui prend des photos mais veut prendre de plus belles photos.
Je me rappelle avoir participé à des séances (trop) où le formateur, pointant la personne qui se trouvait la plus près (on comprend pourquoi les places à l’avant de la salle sont les dernières à être comblées!), demandait un tour de table en partant: notre nom, notre emploi, et nos attentes. La première personne disait quelque chose du genre : « Je veux des trucs pour mieux faire xyz ». Résultat : un tour de table où les mêmes attentes étaient répétées. Ceci vous rappelle des souvenirs?
Il est parfois difficile pour un apprenant de cibler, d’identifier, de prononcer précisément ce qu’il vient chercher. Je vous suggère d’essayer une approche qui ressemble à ceci. Disons que votre formation porte sur l’utilisation d’un outil, que ce soit un appareil photo, un logiciel, ou un IPhone, ou encore sur le service à la clientèle ou le changement organisationnel. Une fois les objectifs de la formation présentés, vous pourriez poursuivre en énumérant les grandes étapes, les axes principaux :
- 5 qualités d’une belle photo
- 10 grandes lignes de ce qu’un IPhone peut faire (seulement 10 vous dites!)
- Résultats d’un sondage ou d’une étude auprès de clients satisfaits
- Continuum des réactions normales au changement
- Etc.
Lors des formations pour formateurs j’offre une liste de ce que d’excellents formateurs parviennent. J’invite les participants à s’autoévaluer secrètement sur chacun des éléments.
Et voilà!
Chacun a ainsi dressé son casse-tête identifiant à la fois les savoirs connus, ceux nébuleux et les pièces ou les morceaux manquants. Il est dès lors facile d’exprimer ce que l’on recherche et de le présenter comme un objectif personnel d’apprentissage. Exemples : Employer plus de techniques d’apprentissage (formateurs); Reconnaître l’utilisation optimale du flash (prise de photos); Changer la résistance face au changement (superviseurs); etc. L’objectif de l'apprenant se casera et se découvrira au milieu de votre contenu bien préparé.
Ce procédé s’applique facilement à tous les sujets de formation. Il existe une multitude de manières que ceci pourrait se faire. En avez-vous à nous suggérer? On veut savoir!
2. Déballer
Par déballer, j’entends découvrir, dénicher, déterrer, débroussailler, délier, dérober, etc. L’apprenant qui identifie un besoin d’apprentissage et le transforme en objectif spécifique devient alors responsable de sa quête. Il portera davantage attention à ce qui est dit. Il sera davantage incité à poser une question pour éclairer une réponse. Il est ainsi engagé et emballé dans son apprentissage. Il participera aux activités et s’appliquera aux exercices avec sa quête en tête.
Réponse ou pistes de réponses il trouvera fort probablement. Ne vous en faites pas si vous n’avez pas la réponse. Quelqu’un du groupe l’a peut-être sans pour autant enlever à votre crédibilité.
Le pôle à l’autre extrémité de cette pratique serait que toutes les réponses soient carrément et clairement écrites par le formateur. Pourquoi participer? Il suffirait de se prévaloir des écrits du prof, quitter la salle pour passer son temps et ses énergies à quelque chose qui nous est alors plus utile ou emballant.
« L’art d’enseigner est l’art de faciliter la découverte » Mark Van Doren
Emballés, on les laisse déballer. Les grands comme les petits!
Pour quiconque intéressé à poursuivre la réflexion, lisez ce court passage « Engage students in setting personal learning objectives » du texte Setting Objectives and Providing Feedback issue du livre Classroom Instruction that Works de Association for Supervision and Curriculum Development.
Je profite de cette occasion pour vous souhaiter en cette nouvelle année de déballer tout ce que vous désirez découvrir en 2015. Au plaisir de se croiser, par vos commentiares ou autres, sur ce chemin de la découverte de l’apprentissage chez l’adulte : L’andragogie.
Commentaires
Toujours aussi intéressant! J'adore te lire. Bonne année à toi aussi et au plaisir de te revoir.
BRAVO Denise!!! Bonne Année 2015 à toi aussi!
Merci pour le souhait et ce beau partage.